7 conseils pour devenir lauréat de l’EIC Accelerator

Lili.ai et Qarnot, adhérents Cap Digital depuis plusieurs années et lauréats français de l’EIC Accelerator, programme du Conseil européen de l’innovation consacré au développement des pépites européennes à l’origine d’innovations de rupture (deeptech). Ils nous ont aidé à dresser une liste de conseils pour aborder au mieux votre future candidature.

C’est officiel depuis octobre dernier : Qarnot, spécialiste des data centers durables, intègre le très sélectif programme EIC Accelerator opéré par l’EIC (European Innovation Council). C’est presque un an tout pile après la même annonce de la start-up française Lili.ai, à l’origine d’une solution BtoB d’assistance virtuelle basée sur l’IA pour le management de grands projets (type chantiers d’envergure).

Avec un taux de succès avoisinant les 8%, ce programme européen a pour réputation d’être exigeant et réservé aux plus persévérants. Son objectif ? Faire de l’Europe un “leader de l’innovation”, transformer la science d’excellence en innovations, soutenir la deeptech, contribuer à la souveraineté technologique européenne et renforcer le financement d’innovations risquées. Rien que ça… Et comme les entreprises françaises, avec un taux de succès de 13,3% et un ticket moyen de 7,2M€ (versus : 5,7M€ pour l’UE), ne sont pas en reste, on a voulu en savoir plus sur leur expérience de candidat-lauréat et sur ce long process de candidature.

On vous partage aujourd’hui les bons conseils des équipes de Qarnot et de Lili.ai pour vous lancer à votre tour dans cette aventure de longue haleine.

1/ Impliquez votre équipe

Quentin Laurens, responsable des affaires publiques de Qarnot, nous met tout de suite en garde, la candidature à l’EIC Accelerator est particulièrement exigeante : “c’est un dossier qui nécessite la mobilisation de toute l’équipe, des équipes financières aux équipes techniques en passant par les équipes de vente et bien évidemment la direction. Il faut être prêt à collaborer et à contribuer, chacun à son échelle, à la constitution et à la consolidation du dossier, à chaque étape du process”. Pour que cela fonctionne dans le temps, l’équipe doit donc être solide et complémentaire, avec une qualité d’expertise à la hauteur de l’enjeu.

Pour Milie Taing, fondatrice et CEO de Lili.ai, il est aussi primordial de “bien communiquer auprès de l’équipe interne, même les personnes non mobilisées sur le dossier, afin de les prévenir de la démarche en cours et des nombreux moments d’indisponibilité. Le business doit continuer, et pour cela, tout le monde doit avoir conscience du temps consacré au dossier EIC par certain·e·s”. Autre point d’alerte sur l’aspect RH de votre dossier : ne vous limitez pas à la seule présentation du noyau dur de votre entreprise et innovation, il est tout aussi important d’être en capacité de présenter une stratégie RH convaincante pour une future période d’hyper-croissance et d’industrialisation.

2/ Dégagez de la bande passante

En moyenne, une première candidature à l’EIC Accelerator demanderait 300 heures de travail. Et chaque lauréat a — en moyenne — candidaté 3 fois avant d’être sélectionné… on vous laisse faire le calcul !

Déposer son dossier n’est donc pas une décision à prendre à la légère. Il convient en amont de s’assurer de la bande passante des équipes et de sécuriser du temps sur le. Il faut par ailleurs bien avoir en tête que, contrairement aux projets européens collaboratifs, ici l’entreprise candidate seule, et cela change pas mal la donne sur la manière d’aborder le process de candidature. Votre candidature doit donc s’inscrire dans la stratégie de l’entreprise à moyen terme et prévoir le temps-homme en conséquence n’est pas une option.

3/ Restez le plus lucide et cohérent possible

La lucidité, c’est une qualité qui est revenue à plusieurs reprises lors de nos échanges avec Milie Taing et Quentin Laurens. Pour ce dernier, il est primordial “d’être et de rester lucide sur ce que l’on présente au départ et tout au long du process, que ce soit sur les capacités de son innovation de rupture, sur sa concurrence ou encore sur sa stratégie de développement”. Ce à quoi Milie Taing ajoute que « rien ne sert de candidater si vous ne respectez pas les critères de rupture technologique et de potentiel champion à l’international ».

Côté timing, ils sont unanimes : mieux vaut attendre le bon moment pour candidater (ressources, maturité d’entreprise, maîtrise de la technologie etc.), rien ne sert de courir il faut partir à point, comme le dit l’adage. Ne vous précipitez pas et évaluez avec lucidité votre situation avant de vous lancer.

4/ Préparez votre candidature comme vous préparez une levée de fonds

Gardez en tête que l’EIC Accelerator est plus proche d’une levée de fonds que d’un montage de projet traditionnel. Il faut donc “aborder cela comme une amorce de financement”, d’après Quentin Laurens, et monter un dossier pour convaincre avant tout des investisseurs. En jeu : une subvention pouvant aller jusqu’à 2,5 millions d’euros ainsi que des investissements jusqu’à 15 millions d’euros equity.

Pour cela, rien ne vaut des objectifs clairs, avec chiffres et preuves qu’ils sont réalistes ; une présentation claire et vulgarisée des bénéfices de votre solution ; une connaissance pointue de votre marché, de ses perspectives et de la concurrence ; une argumentation solide autour de votre modèle économique et de la future répartition des coûts (la subvention ne couvre pour info 70% des coûts) ; ou encore une analyse des potentielles barrières à l’entrée.

5/ Acceptez de sortir de votre zone de confort

Aussi unique que stimulant et exigeant, ce programme européen invite les équipes de chaque entreprise candidate à se remettre en question et à retravailler plusieurs fois le dossier s’il le faut. Pour Milie Taing, “il faut être prêt à être challengé et à faire face à un Jury de grande qualité, qui lit les dossiers de A à Z et pose des questions pointues”. “Il faut savoir sortir de son giron et assurer une continuité” ajoute Quentin Laurens. Retoqué une première fois par les évaluateurs, le dossier de Qarnot a demandé beaucoup de travail aux équipes pour enfin correspondre aux exigences de l’EIC Accelerator. C’est notamment ce travail qui les a poussés à davantage vulgariser leur business, pas toujours facile à comprendre. Idem pour Lili.ai qui avait déjà déposé un dossier un an plus tôt et qui, à moins d’un point, était passé à côté de la sélection.

6/ Travaillez votre discours au-delà des aspects financiers

Cela ne nous aura pas échappé : c’est l’argent de l’Union Européenne — notre argent de citoyen·ne européen·ne — qui finance ce programme. Votre projet doit donc, au-delà de son plan de financement, être utile aux européen·ne·s. Cela peut par exemple se justifier par de la croissance, des créations d’emplois, ou par un impact positif sur l’environnement et/ou sur notre santé.

“Dans notre cas, le fait d’avoir réussi à prouver l’adéquation entre construire un géant mondial de l’IA en grands projets et l’existence d’un écosystème européen de leaders dans le domaine a été critique. Et les lettres de soutien de ces leaders ont certainement beaucoup aidé ” précise Milie Taing.

“Il faut montrer qu’on est au fait des enjeux de l’Union Européenne — souveraineté, écologie, compétitivité, géopolitique etc. — et faire le lien avec notre solution en politisant notre propos. Il faut montrer à l’Europe que l’on suit ce qu’il se passe et que l’on veut s’inscrire dans ce récit collectif” ajoute Quentin Laurens. Au final, il convient d’avoir des convictions alignées avec les objectifs de l’Europe en matière d’innovation à impact, sinon, passez votre chemin !

7/ Faites-vous accompagner et cherchez du soutien partout où il y en a !

Dernier conseil et pas des moindres : celui de l’accompagnement. D’après Quentin Laurens, “sans aide, c’est presque mission impossible”. Que ce soit pour le montage du dossier en lui-même, l’exercice du pitch ou encore les prises de recommandations et de références, un accompagnement externe semble indispensable. Au-delà de la charge de travail, c’est aussi un autre regard qui sera posé sur votre travail, écrit ou oral, et qui vous aidera à y voir plus clair : “le soutien extérieur est primordial, il ne faut pas lésiner sur ce point. Chez Lili.ai, quand nous avons su qu’on avait l’oral, on a enchainé les pitchs. On en a fait auprès de nos consultants, mais aussi de Cap Digital, et aussi de personnes de notre réseau européen.” raconte Milie Taing.

Alors si le programme vous intéresse, faites-nous signe, notre équipe pourra vous en dire plus et vous accompagner sur les étapes clés de votre dossier !

A propos de l’EIC Accelerator

L’EIC Accelerator est un programme de soutien financier, via un mix de subventions et d’investissements, mais aussi d’accompagnement des PME innovantes européennes. Ils ciblent particulièrement les start-ups deeptech. Les lauréats de ce programme peuvent bénéficier de subvention allant jusqu’à 2,5 millions d’euros ainsi que d’investissements jusqu’à 15 millions d’euros. Des services d’accompagnement, les “Business Acceleration Services”, sont également offerts aux lauréats de l’EIC Accélérateur pour les soutenir dans leur développement comme la mise en relation avec des experts européens ou des partenaires potentiels tels que des distributeurs, des investisseurs, etc.

A propos de Lili.ai

Lili.ai est un éditeur de logiciel créé en juin 2016spécialisé dans le domaine du Traitement Automatique du Langage appliqué aux grands projets (transport, militaire, énergie et construction). Ainsi, les signaux faibles de risques sont directement extraits des grandes quantités de texte échangés au quotidien (emails, compte rendu, etc) afin de permettre de gagner jusque 6 mois par rapport au reporting officiel ; mais aussi de monter des dossiers de réclamations plus solides en parcourant automatiquement 100% des écrits. ..

A propos de Qarnot (anciennement Qarnot Computing)

Qarnot, créée en 2012, est une entreprise française basée à Montrouge (92), qui emploie 70 personnes et propose de la puissance de calcul haute-performance bas carbone et souveraine. La solution développée par Qarnot s’appuie essentiellement sur la valorisation de la chaleur fatale informatique et une approche distribuée : ils déploient principalement leurs serveurs dans des bâtiments existants capables de valoriser la chaleur dégagée par les ordinateurs.